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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 01:23

Poeme1 

Chanson des Escargots qui vont à l'enterrement

A l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes réssuscitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voila le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L'autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C'est moi qui vous le dit
Ça noircit le blanc de l'oeil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C'est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter
A chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante
La chanson de l'été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C'est un très joli soir
Un joli soir d'été
Et les deux escargots
S'en retournent chez eux
Ils s'en vont très émus
Ils s'en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais là haut dans le ciel
La lune veille sur eux.

Jacques Prévert et Winton Higgins

Poeme2

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26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 10:15
Il marchait d'un pas dégagé
En longues enjambées
Ses yeux de braise très enfoncés
Se perdaient au-dessus
Au-delà de la foule nonchalante de midi.

Le teint brûlé de celui
Qui ne travaille pas à l'air conditionné
Il était étranger à ce lieu
Bien ratissé
Et le complet qui l'hébergeait
Etait celui qu'il avait une fois acheté
Pour faire face à quelque corvée
Depuis lors oubliée.

Me trouvant devant lui
Je n'ai su que m'arrêter
Et sur la pointe des pieds
Je pressai un baiser
Sur ses lèvres desséchées
Et je lui dis Merci
Il a souri
Et puis est reparti
Dans la foule indifférente de midi.

Mars 1976

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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 09:54

(le toi et le moi n'existent pas séparément
ils ne sont que parties de l'amour universel)

Petit, très loin en Mélanésie,
Je te tiens au creux des mains
Mais ne te retiens point
Tu peux venir et rester
Ou bien t'en aller
Et cela ne change rien
Il me suffit que tu sois

Mais si un jour chez moi
Tu revenais dans la joie
Saurai-je dire malgré l'émoi
Entre donc, dîne, bois,
Assouvis cette soif-là
Née du corps et des heures sombres
Mais ne reste pas ainsi dans l'ombre
Vois-tu, c'est la lumière qu'il me faut
Tout contre le soleil là-haut
Tant pis si je me brûle les ailes
La chaleur de cette ivresse
Vaut bien une paire d'ailes

Et je veux vivre dans l'ivresse
De ce brasier ardent
Il faut que je renaisse
Continuellement.

Mais toi, Petit,
Tu es venue et repartie
Sans caresse et sans ivresse
Et humblement blottie
Tu as cherché l'oubli
L'oubli des heures sombres
Et celles de soleil
Non pas perdues, enfouies,
Mais plus jamais pareilles...

On t'a coupé les ailes
Tu ne sais que ramper
La pesanteur me pèse
Je ne sais plus voler
La lune en a pâli
Et puis elle a rougi
Honteuse de tant de crimes
Qu'elle n'aura point commis
Elle n'ose plus regarder
A travers les grands arbres
Sa lumière est trop vive
Et révèle trop de larmes
Une bougie suffira
Pour faire trembler mon cœur
Faire trembler un sourire
Sur ton visage frippé
Sur mon cœur fatigué
D'avoir trop mal-aimé.

Mars 1976

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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 09:42
Le vol pur et plané
des mouettes d'hiver
traverse le miroir
du lac inanimé.
C'est l'heure où la ville
qui sait qu'elle va mourir
dans la nuit solitaire
met ses couleurs de vieille dame coquette.
D'un dernier rayon elle joue de la prunelle
et glisse un regard doré
entre les longs cils
des peupliers dépeuplés
Et les taches de rousseur
de son teint irlandais
retiennent encore un peu
de sa splendeur passée.
Dans les vapeurs diaphanes
qui maintenant la coiffent
quelques traits trop marqués
de pourpre et de violine
dessinent à ses joues pâles
le sourire charmeur
des vieilles courtisanes.
Mais la ligne des collines
ride au loin son front nu
où le rose se dilue
dans les plis envahissants
d'un grand manteau feutré
grisonnant et glacé
qui se rabat lentement
sur son lit de misère.
Et gisante elle attend
la résurrection de la chair
dans la gloire retrouvée
et les feux du levant.

Canberra Juin 1976

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23 août 2008 6 23 /08 /août /2008 06:30
Un essaim d'oiseaux de ville
Froufroute dans l'air libre
Et tombe butiner
Les graines de pissenlit
Dans les enclos réservés aux employés
Pour leur demi-heure de midi.
Machine à écrire
Machine à compter
Machine à perforer, à chiffrer, à agrafer.
La lumière électrique pique les yeux.
D'un petit carré bleu
Filtre un rayon oblique
Entre trois murs de briques
Hauts comme une prison.
Une mouche sur la vitre
Zézaye et fait le derwiche
Sous le jet d'une bombonne
Marquée "poison".
Machine à vaporiser
Machine à atomiser
Machine à aseptiser
Machine à conditionner
L'air irrespirable
Et la musique implacable
Qui rendra l'entreprise plus rentable.
Machine à programmer
Machine à emballer, à déballer,
Machine à assembler les pièces détachées
Machine à mettre en boite
Tous ceux qui s'y laissent prendre
Et les voilà, pris comme des rats,
Tous ensemble -
Grève sur le tas -
Attendant l'heure de la délivrance.
L'heure est comptée
les jours sont comptés
Assurance vieillesse et survivants
Compte en banque
Compte d'épargne
Caisse maladie
Budget vacances
Partir...
Un vol de cygnes noirs
S'abat à grand bruit
Sur le plateau saumâtre
Du large lac gris.
Les mouches à bestiaux
Vous collent dans le cou.
La poussière rouge et fine
S'infiltre dans tous les trous
Trous de forage
Essais de pompage
Pompe à eau
Pompe à essence
Pompe à merde
Engrenage qui s'égraine
Gangraine
Il faut amputer
Guillotine
Machine à couper les têtes
Machine à broyer les os
Machine à hacher la viande pour les chiens
Machine à trancher le jambon et la mortadelle
Machine à débiter les carottes en rondelles
Grands magasins Super-marchés
Acheter Manger
A vous en faire crever
Ventres creux qui crient famine
Très loin trop loin en Afrique et en Chine
Ventres gonflés d'enfants
Qui n'ont pas eu le lait de leur maman.
Instruments de misère
Instruments de colère
Machine à faire la guerre
Machine à vendre l'amour
Machine à courir sur place
Machine à pédaler dans sa chambre à coucher
Machine à laver la vaisselle
Machine à laver le cerveau
Délavé  Dépouillé
Démoli  Démuni
Enfin nu...
Tout nu devant soi-même
Tout nu au fond d'un trou
Tout seul dans la poussière
Tout seul avec la terre
Phœnix en agonie
Renaitras-tu de tes cendres?

(*) (Sous-produit de l'homo sapiens, dégénéré en monstre auto-destructeur, fossile commun des couches bétonifères de l'époque inter-glaciaire, env. 2000 A.D. Les fossiles de mécanopithèques découverts parallèlement en Amérique du Nord, en Europe Occidentale et en Australie, sont représentatifs d'une haute civilisation, maintenat éteinte, dite "Chrétienne")

Canberra, Juillet 1976


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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 06:21
Nous sommes partis de bon matin
La main dans la main
Sans savoir le chemin.

Grisés d'amour et de promesses
On a marché par les sentiers
Sur les cailloux, l'herbe mouillée
Sur les épines, dans la forêt.

Mais le froid nous a surpris,
Et le vent et la nuit,
Et les pieds meurtris
Nous voilà envahis d'une grande tristesse.

(Bathurst, 15/9/76)

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21 août 2008 4 21 /08 /août /2008 05:56



Arbre fort, arbre frêle
Arbre droit, arbre vert



Arbre-dance, arbre-joie
Arbre nu, arbre en croix



Arbre tout seul dans le champ
Arbre tombé sur le flanc

Dans les années 70, à Canberra nous avions fait la connaissance de Maya. J'aimais ses poèmes, elle aimait mes photos. Nous avions décidé de les joindre dans un album.
Mais les bonnes intentions finissent souvent au fond d'un tiroir. Je viens de rouvrir ce tiroir et je veux vous faire partager ses poèmes. Si vous les aimez, laissez un commentaire, je le ferai suivre à Maya qui vit maintenant à Alice Springs, ce qui fait que nous n'avons pas beaucoup l'occasion de nous voir: il faut compter une semaine en voiture pour aller chez elle et autant pour revenir...

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